Maître Eckhart |
Chant de la raison Doute et interrogation sont les stimulants de la raison. User de la raison permet de gagner en liberté. L’effort de concentration apporte la maîtrise Que l’on s’exerce aux soutras, tantras ou yogas Ne faisons pas l’offense de prier les bouddhas Alors, si nous en sommes encore à nous laisser charmer Après la mort, seules ces expériences seront nos guides. Lama Shérab Namdreul (août 2015) Voir : La foi et la raison
* Remarque : Saddharma : en tibétain Dam paï Tcheu, hâtivement traduit par saint Dharma. Dam ne doit pas être pris au sens d’adjectif attribut mais au sens d’un référent, en l’occurrence à la nature ultime. Le Sadharma est la Loi (Dharma) en conformité, en lien (lat. religare) avec la nature ultime (vacuité) de l’esprit et des phénomènes. C’est une notion qui dépasse le contexte d’institution et d’organisation théocratique dont les préoccupations temporelles peuvent parfois faire perdre de vue l’essentiel de l’enseignement du Bouddha Sakyamouni. Le Sadharma renvoie la notion universelle et transculturelle de vacuité que l’on retrouve à travers les témoignages des contemplatifs et philosophes de toute tradition. Nous retrouvons cette notion de « Dam » avec le terme de Dam paï Lama (sct. sadguru) qui, lui aussi, est hâtivement traduit par « saint Lama ». Comme pour « Dam paï Tcheu », le terme « Dam pa » ne doit pas être considéré au sens d’adjectif attribut de Lama mais comme référent, en l’occurrence à son enseignement qui doit se conformer et relier (lat. religare) à la nature ultime de l’esprit et des phénomènes. Un Dampaï Lama se réfère donc à l’authenticité de ses instructions dans le sens qu’elles n’ont pour seul vocation l’éveil de son élève. S'il faut traduire "dam pa" par l'adjectif "religieux", il est important de préciser qu'on qualifie précisément, non pas le Lama ni le Dharma, mais la fonction de reliance que nous devons trouver chez l'enseignant et l'enseignement. Nous trouvons également "dam" dans la notion tantrique de Yi Dam qui introduit cette même référence à la nature ultime. Littéralement, Yidam a le sens de "lien (dam) à la nature primordiale (Yi). Quand on pratique le tantra d’une divinité, le Yidam désigne le sceau d’union de clarté-vide que le méditant doit joindre à la génération de la divinité. Ce sceau fait référence au Yidam Racine qu’un tantrika bouddhiste considère comme refuge (protection) contre l’illusion. La divinité à elle seule n’est qu’une représentation et sans le sceau du Yidam, la pratique d’une divinité reste une pratique déiste ou idolâtre, ce qui ne nous protège pas des renaissances samsariques. Le sceau du Yidam s’applique lors de la génération de la divinité, puis lors la stabilisation en appliquant la « connaissance du symbolisme » et enfin lors de la phase de parachèvement. Une divinité prend un aspect (tib. Nam) humanoïde tandis que le Yidam Racine est le sceau de tous les aspects. Nous avons encore le terme tibétain "Dam Tsik" qui traduit le sanscrit "Samaya". Le terme samaya (tib. Dam Tsik) a le sens de « convention, concordance, correspondance, identité, conformité ». On établit une convention qui n’est pas arbitraire mais conforme à l’authentique nature de l’esprit, co-émergence. On adopte et on applique une vue qui induit une intelligence inhérente à la connaissance.
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